Les principes de l'éducation bienveillante ou comment éduquer sans crier, punir et taper
"Les parents punissent parce qu'ils sont dépassés et impuissants.
L'enfant le perçoit et perd confiance en ses parents, cela l'insécurise, et cette insécurité se manifestera par davantage de comportements déviants"
Isabelle Filiozat, "J'ai tout essayé"
La loi civile sur l’interdiction de la fessée en France a fait beaucoup parler et j’ai malheureusement vu beaucoup de commentaires du genre « une claque n’a jamais tué personne », « on va en faire des enfants rois qui n’écouteront rien », « les enfants ont besoin d’être corrigés » voir même « où va la France ? »
Au début j’étais en colère contre tous ces gens-là, comment peuvent-ils dire des choses pareilles ?!! Et puis maintenant ça me fait surtout de la peine, de la peine pour leurs enfants mais aussi pour les parents qui sont persuadés qu’un enfant ça se dresse, que c’est manipulateur, que ça fait des bêtises pour énerver ses parents… que pour le faire écouter il faut lui crier dessus, le punir et parfois même le frapper !
Il y a encore quelques années, j’aurai réagi pareil, mais j’ai changé grâce à la découverte (par ma cousine ^^) de l’éducation bienveillante et positive.
Je voulais donc faire un article pour vous faire découvrir ces autres méthodes d’éducations et que oui il est possible d’éduquer sans punir, sans crier et surtout sans taper ! Certes ce n’est pas une méthode magique, il faut de la patiente, répéter les choses et surtout apprendre chaque jour et se documenter un maximum pour s’imprégner des méthodes, comprendre le fonctionnement du cerveau des enfants et savoir comment régir dans telle ou telle situation. Quand on n’a pas été élevé dans la bienveillance, je trouve que ce n’est pas inné de l’appliquer à ses enfants. Au début il faut un peu chercher comment réagir correctement, quelles solutions proposer… mais c’est ça que je trouve génial ! Le parent s’éduque en même temps que l’enfant, on apprend ensemble !
Un livre qui m’a beaucoup aidé est « J’ai tout essayé » d’Isabelle Filliozat. Grâce à ses dessins il est très facile à lire. Il décompose plusieurs scènes de la vie des bambins qui peuvent poser soucis (par exemple : il fait le contraire de ce que je lui dis, il veut toucher à tout…). Pour chaque scène elle expose la réaction habituelle du parent et ensuite propose une solution bienveillante en expliquant ce que ressens l’enfant. Car oui l’éducation bienveillante repose en principal sur l’écoute des sentiments et des émotions de l’enfant (d’ailleurs il faut que je lise « au cœur des émotions de l’enfant » du même auteure) et sur l’empathie.
Afin de vous aider à devenir des parents bienveillants, j’aimerais vous exposer un peu les grands principes de la bienveillance que j’essaye de respecter au quotidien.
Les émotions et les sentiments :
Comme je vous le disais plus haut il est très important d’écouter les sentiments et les émotions des enfants et de leur apprendre à les reconnaître. Si un enfant tombe et se fait mal il ne faut pas lui dire « ce n’est rien » mais il faut lui dire « tu es tombé, tu as mal ou tu as eu peur. C’est vrai que ça peut faire mal (ou peur) de tomber, est ce qu’un câlin pourrait t’aider à aller mieux ? ». Je vous entends déjà dire « ça va en faire une chochotte » ! Mais non, ce genre de réaction permet à l’enfant déjà de pouvoir savoir ce qu’il ressent, mettre des mots dessus et savoir que son parent est là pour l’aider et le comprendre. Si on lui dit ce n’est rien l’enfant se sent incompris et rejeter. Imaginez-vous quand vous vous faites mal, si on vous dit « oh ça va c’est rien », comment le prendriez-vous ?
Un autre exemple, les petits pleurent beaucoup quand ils ne peuvent pas avoir ce qu’ils veulent (il faut d’ailleurs distinguer les besoins des envies) ou qu’on leur enlève quelque chose des mains. Beaucoup de parents vont dire que l’enfant fait une colère ou un caprice. Or ils ne sont pas capables de « manipulation » avant l’âge de 3-4 ans car leur cerveau n’est pas assez mur pour cela. Non plus petit ce n’est pas un caprice mais juste de la frustration que l’enfant a alors énormément de mal à contrôler (vous l’aurez remarqué les émotions des enfants sont toujours décuplées, qu’ils soient heureux ou malheureux, car ils ont du mal à les contrôler) alors il va se mettre à pleurer car c’est un des seuls moyens de communication qu’il a. Dans ce cas-là, il ne faut pas laisser l’enfant pleurer ou bouder seul mais accueillir ses émotions en lui disant qu’il est en colère, qu’il a le droit, que oui il aurait aimé avoir tel ou tel objet et lui proposer une autre activité à faire et/ou un câlin.
L'adulte doit aussi apprendre à exprimer ses émotions en évitant de dire "tu m'énerves", "tu n'écoutes rien"... il faut parler à la première personne en exprimant ce qu'on ressent et rappeler les règles "je suis énervée de voir que tu touches à cet objet. C'est interdit de toucher cet objet."
La bienveillance passe vraiment par l’empathie et l’écoute des émotions de l’enfant, il est important de mettre des mots sur chaque situation pour que l’enfant puisse se rendre compte de ce qu’il ressent et se sente compris.
Les « bêtises »
Un bébé ou un jeune enfant ne va pas intentionnellement, par exemple, renverser un verre pour embêter ses parents. S’il le renverse cela peut être par maladresse ou pour découvrir comment son contenu va réagir une fois en dehors de son contenant. On ne parle alors pas de bêtise mais d’erreur. Quand cela se produit, il est inutile de punir l’enfant qui ne comprendra pas ce qu’il a fait de mal, pour lui il a juste essayé de faire une découverte. Dans cette situation il faut décrire la scène et ensuite demander à l’enfant comment il peut réparer son erreur (en prenant en compte son âge bien sûr et en lui proposant votre aide)
« je vois un verre qui a été renversé, de quoi as-tu besoin pour ramasser ? » ou directement en lui proposant 2 solutions « tu veux m’aider à ramasser avec le torchon ou avec l’éponge ? ».
De cette manière l’enfant prend conscience de ses actes, que chaque erreur peut être réparée et il se sent responsabilisé. Cela permet également une meilleure communication et l’enfant saura ainsi qu’en cas de problème il peut compter sur ses parents contrairement à un enfant puni qui aura peur d’avouer ses bêtises ou ses problèmes, de peur justement d’être puni.
Je vous avoue que ce n’est pas toujours facile de prendre sur soi pour ne pas crier et proposer une solution bienveillante, mais avec de l’entrainement on y arrive. Si vraiment vous sentez la colère monter en vous, isoler vous dans une pièce quelques minutes et réfléchissez à la situation. Ou vous pouvez même crier dans cette même pièce sur un coussin par exemple.
Les interdictions
Il ne faut pas confondre l’éducation bienveillante avec le laxisme. (voir d’ailleurs un des articles de Parents Naturellement) Comme dans toute éducation, il y a des règles à respecter, elles devront être définies clairement et à l'avance.
En premier lieu, pour éviter que le bébé ou l’enfant ne touche à des choses fragiles ou dangereuses, il faut adapter la maison à l’enfant (et non le contraire), cela évitera bien des frustrations et bien des accidents. Si jamais l’enfant arrive à prendre un objet interdit (interdit parce qu’il est fragile ou dangereux) ou est sur le point de le, il faut lui dire « stop » qui est plus efficace et moins moralisateur que le « non ». Ensuite il faut expliquer à l’enfant pourquoi jouer avec cet objet est interdit et lui proposer autre chose en échange. Bien sur la même situation va se répéter et vous serez obligé de répéter l’interdiction à l’enfant et lui expliquer pourquoi c’est interdit.
Pour donner des consignes aux petits, il faut éviter d'utiliser la négation. Leur cerveau n'est pas assez mur et si on leur dit "ne crie pas", lui il va juste entendre "crie". Par exemple au lieu de "ne cours pas", on dira "marche", au lieu de "ne touche pas" on dira "laisse", "parle doucement" au lieu de "ne crie pas"... c'est un exercice quotidien d'essayer de transformer les phrases négatives en affirmative afin que le message passe mieux auprès de l'enfant.
Laisser l’enfant découvrir le monde
En règle général, l’enfant peut jouer avec tout ce qui n’est pas dangereux ou fragile afin qu’il puisse découvrir les objets qui l’entourent. Il s’éveille à travers la découverte de son environnement. Déranger les livres de la bibliothèque, essayer de les remettre, essayer de boire dans le verre de papa, sortir les casseroles du placard…tout cela n’est pas grave (même si ça met un peu de désordre dans la maison) et lui permet de découvrir autour de lui. Il faut aussi le laisser découvrir son corps et ses capacités (tout en veillant à sa sécurité bien sûr). Par exemple si l’enfant veut monter les escaliers, il ne faut pas lui dire « attention tu vas tomber » car ce serait le dévaloriser et ne pas lui donner confiance en lui. Il vaut mieux aller vers lui et lui dire « je préfère rester à tes côtés pour t’aider si tu as besoin », l’enfant se sent alors capable de le faire et sait qu’encore une fois son parent sera là s’il a besoin.
J'espère que cet article que j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire vous sera utile pour commencer dans le monde de la bienveillance ! Bien entendu je n'ai pas abordé tous les sujets et je ne suis pas non plus rentrée dans les détails.
Si vous voulez vous renseigner un peu plus sur l'éducation bienveillante je vous conseille de lire :
- "J'ai tout essayé", "Au coeur des émotions de l'enfant" d'Isabelle Filliozat
- "Pour une enfance heureuse" de Catherine Gueguen
- "Parents efficaces" de Thomas Gordon...
- la liste peut encore être longue mais je pense que pour commencer c'est déjà bien :)
Pour moi la bienveillance peut se résumer ainsi :
Affirmation, Confiance, Emotions, Ecoute, Amour, Découverte